On pourrait penser que le marché de l'énergie s'est stabilisé après les tensions entre l'Ukraine et la Russie, mais les prix de l'électricité des professionnels restent toujours importants. En France, les prix de l'électricité pour les professionnels demeurent élevés, fluctuant entre 120 et 200 € le MWh. Avant la crise, ces prix se situaient plutôt entre 50 et 80 €/MWh.

Beaucoup de consommateurs espèrent voir le coût de l'électricité revenir à des niveaux pré-crise. Pourtant, six raisons expliquent pourquoi le coût de l'électricité va rester élevé, à long terme.

1 - Suppression du bouclier tarifaire électricité

Actuellement, diverses mesures de soutien permettent aux consommateurs de limiter leurs dépenses en électricité. Parmi celles-ci, le bouclier tarifaire et l'amortisseur électricité sont en place depuis 2021 pour modérer l'augmentation des prix. Cependant, ces dispositifs seront supprimés à partir du 31 décembre 2023 pour les professionnels.

L'État a déjà commencé à réduire l'efficacité du bouclier tarifaire. Depuis le 1er août dernier, les Tarifs Réglementés de Vente de l'Électricité (TRVE) ont grimpé de 10 %. Cette augmentation représente un surcoût annuel moyen de 160 € pour un particulier. Le but est d'habituer les consommateurs à la fin programmée du bouclier tarifaire, prévue pour la fin de l'année 2024.

Après cette date, particuliers, professionnels et copropriétés ne bénéficieront plus de tarifs plafonnés pour l'électricité. En l'absence du bouclier tarifaire, les TRVE afficheraient aujourd'hui une hausse de 74,5 % TTC par rapport aux tarifs gelés.

Évolution du prix de l'électricité entre 2019 et 2023

2 - Disparition du dispositif ARENH

L'Accès Régulé à l'Énergie Nucléaire Historique (ARENH) permet aux fournisseurs d'électricité alternatifs d'acheter l'énergie produite par les centrales nucléaires d'EDF à un prix réduit. Fixé à 42 € le MWh, ce mécanisme bénéficie également aux entreprises. En effet, l'ARENH leur permet d'acquérir de l'électricité à moindre coût.

La fin de l'ARENH est programmée pour décembre 2025. Le gouvernement explore des mécanismes de substitution qui reflèteront mieux les investissements d'EDF dans ses centrales. Une fois l'ARENH désactivé, la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) estime que le prix de l'électricité fluctuera entre 57 et 58 €/MWh, bien au-delà des 42 € actuels. Les offres pour les professionnels deviendront donc nettement moins attractives.

3 - Contexte géopolitique instable

Le paysage géopolitique mondial a une influence significative sur les tarifs de l'énergie, en perturbant les lois de l'offre et de la demande, ce qui entraîne la volatilité des prix.

Bien que l'Europe ait significativement réduit sa dépendance au gaz russe, les tensions liées au conflit ukrainien continuent d'affecter les marchés de l'énergie. La Russie perturbe en effet les accords globaux sur l'offre énergétique, ce qui exacerbe les tensions sur le marché de l'électricité français.

De plus, le coup d'État survenu au Niger en juillet a un impact sur notre indépendance énergétique. Le Niger est le premier fournisseur d'uranium pour la France, un élément chimique essentiel pour le bon fonctionnement de notre parc nucléaire, qui représente environ 70 % de notre production d'électricité annuelle. Bien qu'il soit peu probable que des pénuries d'uranium affectent la performance des centrales françaises, le coup d'État a néanmoins des répercussions sur le cours de l'électricité.

4 - Fragilité du parc énergétique français

En mars 2023, une commission d'enquête parlementaire présidée par Raphaël Schellenberger a rendu un rapport mettant en lumière la perte de souveraineté énergétique de la France. Elle pointe notamment un manque de moyens mis en œuvre pour assurer l'avenir du parc énergétique français :

  • Manque d'anticipation pour la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires
  • Développement insuffisant des énergies renouvelables (EnR)
  • Suspension de divers projets de recherche

Ces déficiences affectent la production d'électricité en France. En cas d'hiver rigoureux, la forte demande pourrait provoquer des pénuries d'électricité, comme cela a été le cas lors de l'hiver 2022/2023. Ces manquements se sont traduits – et se traduiraient à l'avenir – par une augmentation significative des prix de l'électricité.

Pour la première fois depuis 1980, la France a importé plus d'électricité qu'elle n'en a exporté en 2022. « La faible disponibilité du parc nucléaire est le premier déterminant de ce retournement » selon RTE.

5 - Financement des nouveaux réacteurs EPR2

Selon les dernières estimations, les six réacteurs EPR2 qu'EDF envisage de construire coûteraient environ 51,7 milliards d'euros. Afin de financer ce projet ambitieux, le gouvernement étudierait la création d'un mécanisme de "base d'actif régulé".

Le financement des EPR2 pourrait donc débuter dès 2027, commençant avec le réacteur de Penly, suivi de ceux de Bugey et de Gravelines. Les coûts seraient soit à la charge des consommateurs, soit supportés par le contribuable.

6 - Modernisation du réseau de transport de l'électricité

Face à la transition énergétique, une rénovation et une extension du réseau de transport sont indispensables. Les coûts de ces travaux, nécessaires pour intégrer les futurs parcs éoliens et solaires, pourraient être très élevés. RTE a annoncé un besoin d'investissement de 33 milliards d'euros à l'horizon 2035, tandis qu'Enedis estime qu'il lui faudrait près de 100 milliards d'euros d'ici 2040. Ces dépenses seront supportées par l'ensemble des Français. Si une partie des taxes sur l'électricité sert déjà à financer les travaux des gestionnaires des réseaux de gaz et d'électricité, ce montant pourrait augmenter.

Cette prévision a été confirmée par la présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon, lors de son audition au Sénat en début juillet : « Les investissements dans les réseaux sont considérables : on passe d'un rythme d'investissements de 1,5 milliard par an chez RTE à 2,5 milliards d'euros. Chez Enedis, on passe de 4 milliards à plus de 5 milliards d'euros par an. On a un énorme pic à passer et on n'est pas totalement serein. Il y a à la fois un sujet de financement – il faut que les tarifs soient en capacité d'aborder ces besoins d'investissements –, et il y a la question de la faisabilité technique ».

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