La crise de l’énergie qui secoue le monde et particulièrement l’Europe pousse les gouvernements à trouver des solutions pour retrouver une certaine indépendance énergétique. L’UE a récemment opté pour une stratégie collective de réduction de sa consommation.

Pour mettre fin à la dépendance du gaz russe, l'Union européenne a décidé d'imposer à ses membres de réduire leur consommation de gaz naturel de 15% pendant un an en cas de pénurie l'hiver prochain. C'est dans le cadre du Plan Énergie d'urgence "REPowerEU" de la Commission européenne que cette disposition a été adoptée.

Le plan énergie consiste à mettre en place des solutions pour anticiper un arrêt total de fourniture énergétique en provenance de Russie. Prévision de plus en plus plausible au vu des dernières décisions du Kremlin. Même si les livraisons via le gazoduc Nord Stream 1 ont repris, elles sont loin de fonctionner à plein tube. En effet, la capacité est passée de 40 à 20% moins de 48h après la réouverture du gazoduc. Les raisons invoquées sont techniques mais, côté européen, cette baisse est vue avant tout comme une pression exercée dans le cadre du conflit en Ukraine.

Une décision, beaucoup d'exceptions…

La réduction de 15% des consommations présente quelques aménagements ou exceptions cependant. Les pays insulaires, par exemple, sont concernés.

L'Irlande, Malte et Chypre ne sont pas interconnectés au réseau gazier européen. Il n'est donc pas utile de leur demander de réduire leur consommation qui est sans incidence sur celle des autres pays de l'Union européenne.

Reliés au réseau électrique russe, les États baltes devront réduire leur consommation si Vladimir Poutine fait cesser leur approvisionnement. Ils auraient alors besoin de gaz pour produire leur électricité et ne pourraient pas participer à l'effort collectif.

Des dérogations sont prévues pour les pays ayant des interconnexions limitées avec leurs voisins comme l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la France. Si leurs infrastructures servent à exporter du gaz vers d'autres pays membres, leur objectif de réduction de consommation passe alors à 7% et non plus 15%.

Ce plan de réduction des consommations de gaz doit permettre aux membres de l'Union européenne d'économiser 30 milliards de m3 de molécules dans le cas d'un hiver normal et 45 milliards si l'Europe affronte un hiver rigoureux. Si la situation géopolitique ne s'améliore pas l'année prochaine (2023), l'accord prévoit une prolongation.

Sortir de la dépendance russe

L'Europe importe 90% de son gaz naturel et la Russie en est le premier fournisseur avec 40% d'exportation vers les pays de l'UE. Pour remplacer le flux russe, l'Europe peut se tourner vers des partenaires déjà présents sur le vieux continent. La Norvège, l'Algérie, le Qatar ou les États-Unis deviennent ainsi nos principaux fournisseurs gaziers.

En plus d'un apport supplémentaire de GNL depuis les États-Unis, les pays d'Europe cherchent des solutions. L'Azerbaïdjan est ainsi en voie de devenir un partenaire supplémentaire de l'Europe en matière d'hydrocarbure. L'Arabie Saoudite fait également son retour sur l'échiquier des relations diplomatiques et énergétiques européennes.

En ajoutant des élans de sobriété énergétique généralisés, les membres de l'UE devraient pouvoir se passer du gaz russe. Une fin du conflit en Ukraine redistribuera sans doute à nouveau les cartes des échanges commerciaux. En attendant, la solution consistant à moins consommer d'énergie semble la meilleure.