Malgré la baisse récente des prix de marché, les professionnels ne doivent pas se méprendre : le prix de l'électricité va repartir à la hausse. Fin du bouclier tarifaire, disparition de l’ARENH, investissements massifs dans le réseau et le nucléaire, fragilité du système face aux ENR… Autant de facteurs qui pèseront durablement sur les factures. Voici les six raisons principales de cette pression haussière.
Le prix de l'électricité a nettement reculé depuis les sommets atteints en 2022-2023. Depuis le début de 2024, les prix à terme pour livraison l'année suivante oscillent entre 60 et 90 €/MWh, et le marché spot enregistre même des épisodes de prix négatifs depuis mars, grâce à une production abondante (nucléaire + renouvelables) et une demande modérée.
Mais cette accalmie cache mal les mécanismes structurels qui, à moyen et long terme, maintiendront la pression sur les tarifs. Voici 6 raisons pour lesquelles les entreprises ne peuvent pas compter sur un retour durable à des prix bas.

1 – Fin du bouclier tarifaire depuis février 2025 : retour à la réalité des prix
Depuis février 2025, le bouclier tarifaire électricité a été supprimé pour l'ensemble des consommateurs, particuliers comme professionnels. Les dispositifs d'amortissement avaient déjà pris fin pour les entreprises fin 2023.
Cette suppression marque un retour à une exposition complète aux prix de marché, sans filet de sécurité. Les Tarifs Réglementés de Vente (TRVE), bien qu'encore encadrés, reflètent désormais beaucoup plus directement les coûts d'approvisionnement sur les marchés de gros.
Conséquence : la volatilité du marché se répercute pleinement sur les factures. Maîtriser sa stratégie d'achat devient une nécessité pour toutes les entreprises.
2 – Disparition programmée de l'ARENH fin 2025
L'ARENH, qui permettait aux fournisseurs alternatifs d'acheter de l'électricité nucléaire à prix régulé (42 €/MWh), doit disparaître le 31 décembre 2025.
Un nouveau cadre de régulation est en cours de définition, mais les premières estimations évoquent un prix de référence entre 60 et 70 €/MWh, plus proche des coûts réels de production.
La fin de l'ARENH fera mécaniquement grimper le prix des offres pour les professionnels, en particulier celles à prix fixe.
3 – Des prix spot en baisse… mais toujours exposés aux extrêmes
En ce printemps 2025, la bonne disponibilité du parc nucléaire, combinée à un ensoleillement généreux et à une demande modérée, entraîne une surproduction ponctuelle d'électricité. Résultat : des prix spot parfois négatifs sur certaines plages horaires.
Mais cette situation reste fragile. Un hiver rigoureux, ou l'indisponibilité de plusieurs réacteurs, pourrait faire ressurgir les tensions de 2022. La volatilité reste donc une réalité incontournable du marché.
Les prix actuels sont bas… jusqu'à ce que la météo, la géopolitique ou un aléa technique les fassent bondir à nouveau.
4 – Réseau sous-dimensionné : le talon d'Achille de la transition énergétique
La France connaît actuellement une surproduction ponctuelle d'électricité, portée par une forte disponibilité nucléaire et le développement accéléré des énergies renouvelables (ENR). Mais le réseau ne suit pas : il n'est ni dimensionné ni équipé pour absorber et redistribuer efficacement cette électricité.
Résultats :
- Pertes de production,
- Prix spot fréquemment négatifs,
- Déconnexions d'installations ENR,
- Congestions locales non maîtrisées.
Le manque de moyens de stockage et la faible flexibilité du système posent de sérieux problèmes. À tel point que la future Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) pourrait acter un ralentissement du développement des ENR, faute de réseau capable de les accueillir. Ce scénario, bien que non officiel à ce jour, est discuté au plus haut niveau.
Mais ce ralentissement créerait un risque majeur de sous-capacité à horizon 2030-2040 :
- La demande d'électricité progresse fortement (mobilité, industrie, bâtiments),
- Les nouveaux réacteurs EPR2 ne seront pas opérationnels avant 2040,
- Et les capacités de production pilotables restent limitées.
Un mix déséquilibré — peu pilotable, sans stockage suffisant — pourrait provoquer des tensions sévères sur le système électrique.
Cette hypothèse s'est récemment matérialisée en Espagne, où un blackout a touché tout le pays le 28 avril 2025. Si l'origine exacte reste à confirmer, le manque de flexibilité du réseau face à une forte production ENR est fortement suspecté. Une telle situation pourrait tout à fait survenir en France dans les années à venir si l'adaptation du réseau ne suit pas.
Un signal faible, mais clair : sans anticipation, la transition énergétique pourrait générer de l'instabilité… et renchérir durablement l'électricité.
5 – Financement des EPR2 : un coût à anticiper
Les six réacteurs EPR2 lancés par EDF coûteront plus de 52 milliards d'euros. Pour les financer, l'État envisage une base d'actif régulé (BAR), qui garantirait un retour sur investissement… via les factures des consommateurs.
Le premier chantier, à Penly, doit débuter d'ici 2027, suivi par ceux de Gravelines et Bugey. Ces projets structurants pèseront à terme sur les tarifs réglementés comme sur les offres de marché.
Même si ces réacteurs ne produisent pas encore, leur financement commencera à se faire sentir dans les prochaines années.
6 – Réseaux électriques : des investissements massifs, un TURPE en hausse continue
Pour accompagner la transition énergétique, les gestionnaires de réseaux engagent des investissements historiques :
- 33 milliards d'euros prévus par RTE d'ici 2035 pour moderniser le réseau de transport,
- Près de 100 milliards d'euros pour Enedis d'ici 2040, pour adapter le réseau de distribution aux nouveaux usages (mobilité électrique, autoconsommation, pompes à chaleur…).
Ces investissements sont financés via le TURPE (Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Électricité), intégré directement dans les factures d'électricité des consommateurs. Et ce tarif continue d'augmenter chaque année, comme en témoigne la hausse en février 2025.
En résumé : même si les prix de gros baissent ponctuellement, le poids croissant des infrastructures dans la facture finale alimente une pression tarifaire structurelle.
Ce qu'il faut retenir sur le prix de l'électricité
Les prix actuels sont en repli, mais les tendances de fond restent inflationnistes. Fin des dispositifs de protection, disparition de l'ARENH, sous-investissement réseau, financement du nucléaire… les moteurs d'une hausse structurelle à moyen terme sont en marche. C'est donc le moment idéal pour agir, avant que les hausses structurelles ne s'imposent durablement.
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