L’actualité récente et certaines perspectives nous mettent collectivement devant d’importantes contradictions. Miser sur le tout électrique ne sera pas sans conséquence pour les consommateurs.
L'électricité est de plus en plus chère voire trop chère pour bon nombre de professionnels et de particuliers. Même les fournisseurs d'énergie sont en danger et ne peuvent dans certains cas assumer leurs contrats. Dans un futur proche, il est même envisageable que la mobilité des individus soit aussi réduite. En attendant que les prix redeviennent raisonnables ?
Tout électrique : des conséquences multiples
Tout le monde est directement touché par le tout électrique en France. En effet, les obligations mises en place par le gouvernement concernent aussi bien les particuliers que les professionnels.
En prenant l'exemple du chauffage, tous sont incités à évoluer vers des solutions plus écologiques pour abandonner les chaudières à bois ou au fuel. Les pompes à chaleur alimentées par l'électricité font partie des solutions fortement préconisées.
Coté mobilité, l'exemple des concessions automobiles est parlant puisqu'elles sont contraintes par les constructeurs de s'équiper en bornes de recharge destinées aux véhicules électriques. Les dépenses pour l'installation du matériel et l'augmentation de la consommation sont des coûts nouveaux à supporter. Les copropriétés sont également obligées peu à peu par les pouvoirs publics à mettre en place des bornes de recharge à disposition des habitants. Avec la même problématique de charges supplémentaires à assumer.
Comment faire dès lors que la disponibilité de l'énergie est limitée et que particuliers et professionnels ont de plus en plus de mal à payer leurs factures ? Faudra-t-il limiter ses déplacements et limiter le chauffage en hiver ? Devrons-nous proposer des créneaux de consommation par secteur d'activité, ville ou arrondissement ? Autant de questions dont les réponses sont floues mais a priori douloureuses.
Une volatilité des marchés difficile à anticiper
Sujette à la loi de l'offre et de la demande, l'électricité est une victime collatérale des tensions géopolitiques et de la reprise économique post pandémie. En effet, le besoin simultané d'énergie a provoqué une explosion des tarifs.
L'électron étant indexé au pétrole, au gaz, au charbon et au CO2, son prix est poussé à la hausse lorsque celui de ces énergies de référence augmente. Ce mécanisme des tarifs d'électricité dépend aussi de l'actualité et de la disponibilité des infrastructures, variables aléatoires et plus ou moins prévisibles. Les tendances des marchés amènent à penser que la volatilité va perdurer et devenir un danger pour les professionnels que pour les particuliers.
Des solutions qui prêtent à débat
"Imposer" l'électricité comme source d'énergie principale revient à augmenter la demande sur les marchés de gros. Un problème de disponibilité apparaîtra alors rapidement avec pour réponse, des solutions présentant des avantages et des faiblesses…
La France a misé, et continue de le faire, sur le nucléaire ce qui provoque beaucoup de débats. En l'état, les centrales ne couvrent pas toujours l'ensemble des besoins, particulièrement en ce moment avec quasiment 50% du parc qui est inactif.
Il faut donc se tourner vers les énergies d'origine renouvelable de façon plus prononcée qu'actuellement. C'est possible et souhaitable pour une très large majorité de personnes, mais sur une échéance trop lointaine pour constituer une réponse à la crise actuelle.
Reste alors l'électricité grise issue des centrales à charbon ou autre ressource fossile. Elle est sollicitée dès qu'il y a urgence comme le montre le contexte de reprise économique post-Covid. Son bilan environnemental est catastrophique, ce qui n'empêche pas les gouvernements d'activer ce levier. Un vieux réflexe qui coûte cher à l'environnement et ne fait que repousser le moment où des décisions devront être prises.
Et maintenant ?
Considérant qu'il est pour le moment difficilement concevable de diminuer la demande, il paraît indispensable d'optimiser les consommations d'électricité. Les ménages et les professionnels peuvent ainsi mettre en place des stratégies, des actions et des outils de contrôle pour augmenter les performances énergétiques tout en réduisant le gaspillage au maximum.
Cependant, même si une démarche volontaire et globale de sobriété énergétique est engagée rapidement, cela ne suffira probablement pas. En l'absence de solution miracle, notre société doit s'interroger sur les moyens (existants ou à inventer) à mobiliser et sur les efforts à faire pour mieux produire et mieux consommer.