Trois ans après le début de la crise énergétique, la France a réorganisé ses approvisionnements gaziers pour sécuriser ses hivers. Le terminal méthanier du Havre est désormais en fonctionnement, le stockage avance dans un contexte moins tendu et l’Europe se prépare pour un mix énergétique sans gaz russe via son interdiction complète d’ici 2027.
Depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022, l'Europe et la France ont engagé une transformation accélérée de leur mix énergétique. Le gaz naturel liquéfié (GNL), en provenance notamment des États-Unis, du Qatar et d'Afrique de l'Ouest, est devenu une composante stratégique de cette transition. En France, le terminal méthanier flottant du Havre est entré en service début 2024. Il permet d'importer jusqu'à 5 milliards de m³ de gaz par an, soit environ 45 TWh, contribuant significativement à la diversification des sources.
Le GNL est regazéifié sur place avant d'être injecté dans le réseau national. Cette infrastructure complète les trois autres terminaux français (Montoir-de-Bretagne, Fos Tonkin et Fos Cavaou).
Où en est l'approvisionnement en gaz russe ?
Depuis 2022, les flux directs de gaz russe vers l'Europe ont fortement diminué. Ils sont même à l'arrêt via l'Ukraine depuis janvier 2025, ce qui implique pour l'Union européenne de trouver ailleurs les 15 milliards de m³ annuels qu'elle lui fournissait, soit environ 4 % de son approvisionnement. Toutefois, des volumes continuent d'arriver indirectement via le marché spot, notamment sous forme de GNL acheté par des traders intermédiaires. Pour mettre un terme à cette dépendance résiduelle, la Commission européenne a proposé en mars 2025 une interdiction totale des importations de gaz russe — qu'elles soient directes ou indirectes — à compter de 2027. Cette échéance doit permettre d'accélérer l'indépendance énergétique du continent tout en laissant aux États membres le temps de sécuriser des alternatives durables.
De plus en plus dépendante du GNL, notamment en provenance des États-Unis et du Qatar, l'Europe reste soumise à une double contrainte : une concurrence croissante de la demande asiatique et des capacités d'importation encore limitées malgré les efforts de renforcement depuis 2022.
Dans ce contexte tendu, le rapport Cyclope 2025, paru ce printemps, anticipe une hausse moyenne de 23 % des prix du gaz en Europe pour l'année 2025.
Stockage : un rythme soutenu, mais un seuil allégé
La campagne de remplissage des stocks souterrains de gaz a bien démarré. Mi-avril 2025, les réserves françaises affichaient un taux de remplissage de 37%, passé à 50% mi-mai. Un niveau cohérent avec la saison et les objectifs fixés.
Dans un contexte de marché plus détendu qu'en 2022-2023, la Commission européenne propose d'abaisser le seuil obligatoire de remplissage au 1er novembre à 83%, contre 90% lors des deux hivers précédents. Cette mesure, si elle était adoptée, permettrait de réduire les coûts de stockage tout en maintenant un niveau de sécurité jugé suffisant.
Une transition sous tension
La crise énergétique de 2022-2023 a révélé la vulnérabilité du système énergétique européen face à des tensions géopolitiques. En France, les difficultés rencontrées par le parc nucléaire à cette période ont momentanément augmenté la dépendance au gaz pour la production d'électricité. Aujourd'hui, le retour progressif à une capacité nucléaire optimale et le développement des énergies renouvelables permettent de mieux équilibrer les sources.
En parallèle, la centrale à charbon de Saint-Avold, brièvement réactivée en 2022, a définitivement fermé fin 2023. Le charbon ne fait plus partie des options de secours.
La France, un positionnement privilégié en Europe
Avec ses 4 terminaux méthaniers, ses capacités de stockage et son interconnexion avec l'Espagne (dotée de 6 terminaux), la France bénéficie d'un positionnement logistique stratégique. Par ailleurs, la part du gaz russe représentait moins de 20% de ses besoins en 2021, contre 55% pour l'Allemagne à la même période. Cette moindre dépendance a facilité l'adaptation du mix énergétique.
Des objectifs maintenus pour 2030
Malgré les turbulences, la France reste alignée sur ses engagements énergétiques et climatiques à l'horizon 2030 :
- -40% de consommation d'énergies fossiles (référence 2012)
- +33% d'énergies renouvelables dans la consommation finale
- - 40% d'émissions de gaz à effet de serre (référence 1990)
Le plan de sobriété énergétique, initié fin 2022 et renforcé par un « Acte 2 » en 2023, a permis d'instaurer des mesures pérennes dans les secteurs public et privé.
Entreprises : sécuriser son approvisionnement, plus que jamais une priorité
En mai 2025, les entreprises restent confrontées à une forte volatilité des prix du gaz et de l'électricité, accentuée par les tensions géopolitiques persistantes, la concurrence sur les ressources disponibles, et les incertitudes sur l'évolution de la régulation européenne.
👉 Sécuriser un contrat de fourniture, arbitrer entre prix fixes et indexés, suivre le marché du GNL, valoriser ses capacités d'effacement ou investir dans la performance énergétique : les leviers sont nombreux, mais nécessitent une stratégie claire.
Alliance des Énergies accompagne les professionnels dans l'optimisation de leur mix énergétique et la sécurisation de leurs dépenses.