Que va changer la réforme des heures creuses pour les professionnels ?
Loïc Billet
Depuis le 1ᵉʳ novembre 2025, la réforme des heures pleines et creuses est entrée en vigueur. Décidée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) dans le cadre du TURPE 7, elle modifie concrètement la façon dont sont réparties les heures où l’électricité coûte moins cher. Le principe reste le même : encourager la consommation lorsque le réseau est le plus disponible. Mais le contexte a changé : le solaire produit désormais en pleine journée. Autrement dit, ce n’est plus seulement la nuit qu’il faut consommer malin.
Pourquoi cette évolution ?
À l’origine, dans les années 1960, les heures creuses avaient pour but d’écouler la production nucléaire nocturne et d’éviter les surcharges aux heures de pointe. Soixante ans plus tard, la situation s’est inversée : en plein midi, la production solaire devient parfois excédentaire tandis que la demande fléchit. Résultat : les prix de gros peuvent tomber très bas, voire négatifs.
Face à cette réalité, la CRE a souhaité déplacer une partie des heures creuses vers la journée. L’idée : mieux valoriser les énergies renouvelables et équilibrer le réseau.
Quels sont les professionnels concernés par les heures creuses ?
Tous les clients pros peuvent être touchés, mais pas dans les mêmes conditions.
- Jusqu’à 36 kVA : les TPE, PME, commerces ou petits sites tertiaires gardent l’option classique HP/HC.
- Au-delà de 36 kVA : les industriels ou multi-sites disposent d’offres horosaisonnières ou dynamiques, qui évoluent elles aussi.
La mise en œuvre est progressive : Enedis ajuste les horaires zone par zone. Aucune démarche n’est requise, mais il est prudent de vérifier les nouveaux créneaux indiqués sur la facture ou dans l’espace client.
3 spécificités de la réforme des heures creuses
En vigueur à partir de novembre 2025, la réforme implique plusieurs évolutions. Elle impose aux professionnels de s’adapter à certains paramètres réglementaires.
1 – Les heures creuses modifiées
Depuis le 1ᵉʳ novembre, les huit heures creuses quotidiennes ne se limitent plus à la nuit. Une partie se situe désormais entre 11 h et 17 h, période solaire par excellence. Les heures nocturnes (autour de 23 h-7 h) demeurent, mais leur poids se réduit.
👉 Les horaires exacts dépendent de chaque zone : ils sont fixés par Enedis, non choisis par le client.
2 – La répartition des heures creuses
Chaque consommateur garde huit heures creuses par jour, avec une répartition encadrée :
- au moins cinq heures la nuit,
- jusqu’à trois heures en journée.
En clair, une part de la consommation bascule vers le milieu de journée, là où l’électricité est abondante.
Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) – Annexe Communiqué de presse TURPE 7
3 – Des heures creuses différentes selon la saison
Deuxième étape : fin 2026, le système deviendra saisonnier.
- D’avril à octobre : davantage d’heures creuses en journée.
- De novembre à mars : priorité aux heures nocturnes.
Cette distinction accompagnera la production renouvelable : solaire l’été, hydraulique et nucléaire l’hiver.
Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) – Annexe Communiqué de presse TURPE 7
Concrètement, que change la réforme pour les entreprises ?
Revoir la programmation des équipements
Certains appareils (chauffe-eau, compresseurs, bornes IRVE, ventilation…) peuvent désormais se déclencher en journée. Une vérification rapide des automatismes évite les surprises sur la facture.
Réévaluer son option tarifaire
L’option HP/HC reste intéressante si au moins 30 % de la consommation se fait en heures creuses. Pour des sites très diurnes, la réforme peut au contraire la rendre plus avantageuse : les heures creuses se déroulant désormais… en journée. Dans les autres cas, une offre à prix fixe ou une indexation simple peut mieux convenir.
Saisir les nouvelles opportunités
Les entreprises disposant d’un peu de flexibilité ont tout à y gagner :
- lancer les usages énergivores entre 11 h et 17 h ;
- recharger ou stocker pendant les périodes à bas prix ;
- exploiter une GTB/GTC pour piloter automatiquement les consommations.
Un levier d’efficacité énergétique
Cette réforme ne se résume pas à un changement d’horaires. Elle symbolise une nouvelle manière de consommer : plus souple, plus connectée et plus verte. En ajustant leurs usages, les entreprises participent à la stabilité du système électrique tout en réduisant leurs charges.
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