Réforme de l’ARENH : vers quel modèle en 2026 ?
Le dispositif ARENH a permis à plus de 100 fournisseurs d’acheter jusqu’à 100 TWh par an à prix régulé. Sa disparition fin 2025 marque un tournant historique pour le marché de l’électricité en France. À quoi ressemblera le modèle ARENH 2026 ? Quels mécanismes sont envisagés pour garantir un accès équitable à l’énergie nucléaire ?
Prévu pour s’éteindre au 31 décembre 2025, le dispositif ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) est en passe d’être remplacé par une nouvelle architecture du marché. Cette réforme de l’ARENH est au cœur des discussions entre l’État, la Commission européenne et EDF. Objectif : encadrer la vente d’électricité nucléaire dans un cadre plus soutenable et transparent, dès 2026.
Pour comprendre l’origine et le fonctionnement de l’ARENH actuel, rendez-vous sur notre page Comprendre et choisir.
Pourquoi réformer l’ARENH ?
L’ARENH a permis d’ouvrir le marché à la concurrence, en contraignant EDF à vendre jusqu’à 100 TWh/an à ses concurrents à un tarif régulé (42 €/MWh). Mais plusieurs limites ont été atteintes :
- Le plafond de volume est insuffisant (écrêtement récurrent)
- Le prix est gelé depuis 2012, alors que les coûts ont augmenté
- EDF subit un manque à gagner, freinant ses investissements
Dans ce contexte, la Commission européenne a validé une réforme qui entrera en vigueur en 2026, après la disparition complète de l’ARENH.
Que prévoit la réforme de l’ARENH 2026 ?
Le futur modèle reposera sur deux principes clés :
- 1 – Vente de toute la production nucléaire au prix de marché
- 2 – Redistribution des revenus excédentaires aux consommateurs
EDF vendra donc l’intégralité de sa production sur les marchés de gros. Si les prix dépassent un certain niveau, un mécanisme de redistribution s’activera. Ce niveau pivot correspond désormais au “coût complet” du nucléaire historique fixé par la CRE à 60,3 €/MWh pour 2026-2028.
En cas de prix durablement supérieurs, une partie des revenus excédentaires sera reversée aux consommateurs via le Versement Nucléaire Universel (VNU). Le futur cadre ne repose pas sur un prix plafond unique, mais sur deux seuils de déclenchement du VNU : un premier autour de 70 €/MWh, puis un second entre 100 et 110 €/MWh, qui déterminent la part des revenus nucléaires à redistribuer. Ce système s’inspire des « contrats pour différence », déjà appliqués pour les énergies renouvelables.
Ces mécanismes font l’objet d’un article dédié sur le Versement Nucléaire Universel (VNU), qui explique comment cette redistribution fonctionne concrètement.
ARENH actuel vs réforme 2026 : ce qui change
Le passage de l’ARENH au nouveau cadre prévu en 2026 constitue une évolution majeure du modèle d’accès à l’électricité nucléaire en France. Voici un tableau comparatif pour mieux comprendre les différences clés entre le dispositif actuel et la réforme à venir :
| Élément | ARENH (jusqu’en 2025) | Réforme 2026 |
| Volume concerné | Limité à 100 TWh/an | Toute la production nucléaire historique d’EDF |
| Prix de vente | Fixé à 42 €/MWh par les pouvoirs publics | Prix de marché avec mécanisme de plafonnement des revenus |
| Accès à la production nucléaire | Réservé aux fournisseurs alternatifs | Ouvert à tous les fournisseurs via le marché, avec redistribution via le VNU |
| Mécanisme de redistribution | Aucun (prix fixe en amont) | Reversement aux consommateurs finaux en cas de dépassement du prix plafond |
| Objectif principal | Favoriser la concurrence sur un marché dominé par EDF | Maintenir des prix soutenables tout en permettant à EDF de financer son parc |
Quels impacts pour les entreprises ?
Même si la réforme vise à corriger les défauts de l’ARENH, elle introduit une complexité nouvelle pour les consommateurs :
- Les offres commerciales seront moins lisibles qu’avec un prix régulé simple
- Il faudra analyser les clauses de redistribution, les seuils, et les modalités de calcul
- Le VNU ne sera pas une réduction directe de prix, mais une compensation différée, parfois lissée
Il faut ajouter que, selon les estimations de la CRE (revenus nucléaires 2026 ≈ 66,08 €/MWh), aucune redistribution VNU n’est attendue en 2026. L’écart avec le coût complet est trop faible pour déclencher le mécanisme.
Cela renforcera le besoin d’accompagnement stratégique dans la lecture des contrats et la projection budgétaire.
Consultez aussi notre article : Fin de l’ARENH : quel impact pour les entreprises ?
Le PLF 2026 remet-il en cause la réforme ?
Aucune mesure du budget 2026 ne remet en cause le VNU ni les CAPN. Le PLF 2026 confirme au contraire le dispositif en transférant la gestion opérationnelle du VNU à RTE via une taxe affectée.
Certains amendements d’opposition proposaient de supprimer le VNU ou de rétablir des tarifs réglementés élargis, mais aucun n’a été adopté à ce jour.
Une nouvelle régulation : le CAPN
La réforme s’inscrit dans le cadre plus large du CAPN (Contrat d’allocation de Production Nucléaire). Ce dispositif fixera :
- Les règles de transparence entre EDF et les autorités
- Les modalités d’application des reversements VNU
- Les outils de stabilisation des revenus pour EDF tout en protégeant les consommateurs
Les modalités exactes des CAPN (volumes, critères d’éligibilité) sont encore en cours de finalisation, mais leur principe n’est pas remis en cause.
Bon à savoir : le Versement Nucléaire Universel (VNU)
Le VNU est un mécanisme de redistribution automatique : lorsqu’EDF vend l’électricité au-delà du prix plafond, la différence est redistribuée à tous les consommateurs finaux, via leur fournisseur. Il s’agit donc d’une mesure de régulation a posteriori, et non d’un prix réduit garanti en amont.
Préparez-vous à l’après ARENH avec Alliance des Énergies
Dans ce contexte de transition, les entreprises doivent :
- Repenser leur stratégie d’achat
- Comprendre les nouveaux mécanismes tarifaires
- Choisir des fournisseurs capables de garantir clarté et sécurité.
Ne subissez pas la réforme, anticipez-la. Nos experts décryptent les évolutions réglementaires et vous proposent des solutions contractuelles pour garder la main sur vos prix et sécuriser votre budget.
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