Versement nucléaire universel : comment fonctionne le VNU ?
Le VNU constitue une pièce maîtresse de la future régulation du nucléaire en France. Ce mécanisme post-ARENH vise à concilier ouverture à la concurrence, soutien à EDF et protection des consommateurs face à la volatilité des prix de marché. Pour les entreprises, il marque la fin d’un cadre stable et le début d’une ère plus incertaine en matière de stratégie d’achat d’électricité.
Dans le cadre de la réforme de l’ARENH prévue pour 2026, un nouveau mécanisme verra le jour : le Versement Nucléaire Universel (VNU). Ce dispositif vise à remplacer le tarif régulé actuel par un système de redistribution automatique des revenus excédentaires générés par la vente de l’électricité nucléaire.
Mais comment fonctionne ce VNU ? Quelles sont ses implications pour les entreprises ? Et pourquoi ce mécanisme est-il considéré comme central dans la régulation du marché post-ARENH ?
Pour un rappel sur les bases du marché et des dispositifs actuels, consultez notre page Comprendre et choisir.
VNU : un mécanisme de redistribution, pas un tarif
Contrairement à l’ARENH qui fixait un prix d’achat unique (42 €/MWh), le VNU repose sur une logique différente :
- EDF vend toute sa production nucléaire sur le marché de gros
- Si les prix dépassent un certain plafond de référence, une partie des revenus excédentaires est reversée aux consommateurs
- Ce reversement prend la forme du Versement Nucléaire Universel, distribué via les fournisseurs
En résumé, le VNU n’est pas un prix garanti, mais un mécanisme correctif a posteriori.
Pourquoi mettre en place le VNU ?
Le Versement Nucléaire Universel répond à plusieurs enjeux :
- Limiter les effets inflationnistes du prix de l’électricité en cas de flambée du marché
- Conserver un mécanisme correctif sans revenir à un tarif régulé,
- Assurer une redistribution équitable entre tous les consommateurs, proportionnelle à leur consommation
- Offrir à EDF une meilleure visibilité financière pour investir dans la prolongation ou le renouvellement du parc nucléaire.
Le VNU s’inspire du mécanisme des “contrats pour différence” (CfD), déjà utilisés dans les énergies renouvelables.
Le PLF 2026 remet-il en cause le VNU ?
Le projet de loi de finances pour 2026 confirme la mise en œuvre du VNU. Il organise son fonctionnement en confiant la gestion des flux financiers à RTE via une taxe affectée.
Des amendements d’opposition proposent de supprimer le VNU ou de rétablir des tarifs réglementés élargis, mais aucun n’a été adopté à ce stade.
Les CAPN (Contrats d’Allocation de Production Nucléaire) restent également confirmés pour les entreprises électro-intensives, dans des modalités encore en finalisation.
VNU fonctionnement : les grands principes
Un prix de référence sert de pivot au dispositif. Ce prix correspond au coût complet publié par la CRE, soit 60,3 €/MWh (2026-2028). Autour de cette référence, deux seuils structurent la redistribution :
- Un premier seuil (“taxation”) situé autour de 70 €/MWh : à partir de ce niveau, 50 % des revenus excédentaires sont reversés.
- Un second seuil (“écrêtement”) autour de 100–110 €/MWh : au-delà, 90 % des revenus excédentaires sont reversés.
Lorsque les prix de marché dépassent ces niveaux :
- EDF verse une partie de ses revenus excédentaires
- Le montant est redistribué via les fournisseurs
- Le reversement apparaît sur les factures, selon des modalités contractuelles propres à chaque offre
À noter : selon les estimations publiées par la CRE pour 2026 (revenus prévisionnels ~65,86 €/MWh), aucune redistribution n’est attendue en 2026, l’écart avec le coût complet étant trop limité.
Ce que le VNU change pour les entreprises
- Fin du prix ARENH fixe : les entreprises ne bénéficieront plus d’un tarif nucléaire garanti en amont, mais d’une compensation partielle en aval.
- Visibilité budgétaire incertaine : le montant du VNU dépendra des prix de marché. Il sera difficile d’estimer à l’avance la part de reversement. De plus, aucune redistribution n’étant prévue en 2026, les entreprises doivent s’attendre à une exposition beaucoup plus directe aux marchés dès la première année du nouveau système.
- Variabilité selon les fournisseurs : certains intégreront le VNU comme un élément visible dans leurs offres, d’autres l’incluront dans un prix global.
Exemple : si le prix de marché dépasse 70 €/MWh mais reste sous 100 €/MWh, seul le taux de 50 % s’applique. Au-delà de 100–110 €/MWh, le taux de redistribution passe à 90 %.
Pour comprendre les conséquences de la réforme dans son ensemble, consultez notre article : Réforme de l’ARENH : vers quel modèle en 2026 ?
VNU et stratégie d’achat : prudence et accompagnement
Avec le VNU, le risque de volatilité augmente. Les entreprises devront :
- Comparer les offres non plus sur le prix seul, mais sur la qualité des clauses de redistribution
- Anticiper les flux de trésorerie différés liés aux reversements
- Évaluer la pertinence de solutions alternatives : autoconsommation, PPA, achats mutualisés, offres hybrides marché/fixe.
L’effet du VNU étant incertain — et probablement nul en 2026 — les stratégies d’achat devront être plus actives et mieux couvertes. Pour explorer ces solutions et sécuriser votre approvisionnement, découvrez notre page Négociez votre contrat.
Le VNU en bref : 3 points à retenir
• Un mécanisme correctif qui compense les excès du marché en reversant une partie des revenus d’EDF,
• Une redistribution différée, sans prix garanti en amont,
• Un impact réel mais très incertain : aucun versement attendu en 2026 au vu des estimations de la CRE.
Ce nouveau cadre renforcera le besoin d’accompagnement pour sécuriser vos prix d’achat et anticiper les risques.
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