À partir du 1er janvier 2026, l’ARENH prendra fin. Pour encadrer les revenus du nucléaire et limiter les effets de marché, l’État mettra en place un nouveau cadre composé du VNU, mécanisme de redistribution ex-post, et du CAPN, réservé à certains grands industriels.
Ces changements marquent une rupture dans la régulation de l’électricité en France. Que faut-il en retenir ? Et comment les entreprises peuvent-elles anticiper ce tournant ?
La fin de l'ARENH : vers un nouveau cadre de régulation du nucléaire
Le 1er janvier 2026 marquera la fin de l'ARENH (Accès Régulé à l'Électricité Nucléaire Historique), un mécanisme qui permettait depuis 2011 aux fournisseurs d'électricité d'acheter une part de la production nucléaire d'EDF à un prix fixé par l'État (42 €/MWh), dans une limite de 100 TWh par an.
Cette formule a montré ses limites, notamment lors de la crise énergétique de 2022-2023. En effet, En temps normal, ce volume couvrait environ 25% de la consommation professionnelle et résidentielle.
En 2022, face à une flambée des prix de gros (parfois > 600 €/MWh), tous les fournisseurs ont demandé le maximum d'ARENH, ce qui a entraîné un écrêtement massif : les demandes ont dépassé 160 TWh. Résultat : les fournisseurs n'ont reçu qu'une part proportionnelle, souvent en dessous de 60% de leurs besoins à prix ARENH, et ont dû acheter le reste sur un marché en tension extrême. Cela a conduit à une hausse brutale des prix pour les clients finaux, même ceux censés bénéficier de prix encadrés via leurs contrats.
Par ailleurs, EDF était contraint par la loi à céder l'électricité nucléaire à 42 €/MWh, y compris lorsque :
- les prix de gros explosaient à 400, 500 voire 1 000 €/MWh ;
- EDF faisait face à une indisponibilité record de son parc nucléaire (plus de la moitié de ses réacteurs à l'arrêt fin 2022) ;
- le coût de production réel était bien supérieur à 42 €/MWh, en raison des surcoûts techniques, de la maintenance et des achats sur les marchés pour compenser les volumes manquants.
Ce mécanisme l'a contraint à vendre à perte, aggravant son déficit opérationnel (estimé à plus de 17 milliards d'euros sur l'année 2022).
Le gouvernement a donc acté la suppression de l'ARENH au 31 décembre 2025. Pour encadrer les revenus d'EDF et limiter l'exposition des consommateurs aux hausses extrêmes, un nouveau cadre post-ARENH se met en place, articulé autour de deux piliers :
- le VNU (Versement Nucléaire Universel), un mécanisme de redistribution indirecte,
- et le CAPN (Cadre de Plancher et de Plafond sur le Nucléaire), destiné à encadrer les prix pour certains grands consommateurs.
VNU : un mécanisme de redistribution ex-post
Le Versement Nucléaire Universel n'est pas un tarif régulé, ni un volume garanti comme l'ARENH. Il s'agit d'un mécanisme de redistribution a posteriori :
EDF vendra sa production nucléaire au prix de marché, et reversera une part des revenus excédentaires à l'État, selon des seuils prédéfinis. Ce montant sera ensuite redistribué aux consommateurs sous forme de réduction sur facture, via une ligne “VNU”.
Un mécanisme au service de la souveraineté énergétique
La mise en place du VNU s'inscrit aussi dans une logique de souveraineté énergétique. Il s'agit de garantir à EDF des revenus suffisants pour entretenir et renouveler son parc nucléaire tout en protégeant les consommateurs professionnels contre les flambées tarifaires. Ce compromis vise à sortir d'une logique de dépendance au marché court terme tout en maintenant un cadre incitatif à long terme.
Les grands principes
- Le coût complet de production du nucléaire sera défini par la CRE (autour de 70 €/MWh selon les premières estimations).
- Deux seuils sont envisagés :
- Premier seuil (~78–80 €/MWh) : au-delà, EDF reverserait 50% de la différence.
- Deuxième seuil (~100–110 €/MWh) : au-delà, 90% des revenus excédentaires seraient reversés.
- La redistribution se ferait a posteriori, sans lien contractuel, selon des modalités encore à définir (fréquence, assiette, profils concernés).
Coût complet de production du nucléaire – De quoi parle-t-on ?
Le « coût complet » ne correspond pas au seul coût immédiat de production. Il intègre :
• les investissements passés et futurs dans le parc,
• les opérations de maintenance lourde et prolongation de vie,
• les charges liées à la gestion des déchets et au démantèlement,
• ainsi qu'une rémunération permettant de financer les futurs projets (notamment les EPR).
Il est estimé par la CRE autour de 70 €/MWh, un niveau bien supérieur aux 42 €/MWh de l'ARENH.
CAPN : un outil complémentaire pour les grands consommateurs
Le Cadre de Plancher et de Plafond sur le Nucléaire (CAPN) sera proposé à certains grands consommateurs industriels. Il prendra la forme de contrats encadrés à long terme, définissant un prix plancher pour EDF et un prix plafond pour l'acheteur. Ces prix seront identiques pour tous les consommateurs éligibles au CAPN, afin de garantir l'équité et d'éviter toute distorsion de concurrence. Le plafond (au-dessus duquel EDF compensera la différence) pourrait être situé autour de 110 €/MWh et le plancher (en-dessous duquel EDF sera garanti) autour de 70 €/MWh, bien que ces montants ne soient pas encore officiellement arrêtés.
L'objectif : offrir plus de prévisibilité et protéger les sites électro-intensifs contre une exposition excessive aux marchés de gros.
Le CAPN ne concernera qu'une minorité d'acteurs industriels grands consommateurs triés sur le volet. Pour les autres entreprises, le VNU restera le principal outil de régulation indirecte.
Ce que cela change pour les entreprises
Fin du filet tarifaire ARENH
Les entreprises n'auront plus accès à un tarif d'achat fixe régulé. L'électricité sera entièrement achetée au prix de marché, avec une redistribution possible mais incertaine.
Compensation différée
Le VNU fonctionne ex-post : aucune garantie de réduction immédiate, ni de montant contractuel. La restitution dépendra :
- du niveau des prix atteints sur les marchés,
- du volume de production nucléaire,
- des règles de redistribution fixées par décret.
Lecture de facture plus complexe
Une nouvelle ligne “VNU” apparaîtra sur les factures d'électricité, sans lien avec le fournisseur ni les conditions contractuelles. Elle nécessitera une vigilance particulière pour :
- en comprendre le calcul,
- vérifier les montants redistribués,
- comparer entre entreprises de même profil.
Ce qu'on ne sait pas encore (au 4 juillet 2025)
🔹 Le coût complet de production nucléaire officiel retenu par la CRE
🔹 Les deux seuils de reversement (plancher et plafond)
🔹 Les modalités de redistribution : fréquence, montant, profil client
🔹 Les décrets d'application pour encadrer juridiquement le dispositif
🔹 L'impact réel sur le prix de l'électricité, notamment pour les professionnels hors électro-intensifs
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