La Cour des comptes place la transition énergétique au cœur de son rapport sur l’écologie. Selon l’institution, l’inaction coûterait bien plus cher que l’effort de décarbonation : jusqu’à 11,4 points de PIB perdus d’ici 2050. La France doit accélérer sur la rénovation des bâtiments, l’efficacité énergétique et la sobriété, en s’appuyant sur une trajectoire financière crédible. Une mobilisation accrue des entreprises et collectivités est jugée indispensable pour atteindre les objectifs climatiques.

Un rapport qui met en lumière un retard préoccupant

Publié le 16 septembre 2025, le rapport thématique dresse un constat sévère : malgré des progrès notables, la France reste loin de la trajectoire nécessaire pour respecter ses engagements climatiques. Les émissions de gaz à effet de serre ont certes baissé de 30 % depuis 1990, mais cette dynamique reste insuffisante pour atteindre la réduction de 55 % fixée à l'horizon 2030, tout comme la neutralité carbone visée en 2050.
Le Plan national intégré énergie-climat (PNEIC) français a d'ailleurs été jugé trop peu ambitieux par la Commission européenne, notamment sur le développement des renouvelables et l'efficacité énergétique.
Le coût de l'inaction serait considérable : selon la Cour, ne pas accélérer la transition énergétique pourrait amputer le PIB de 11,4 points d'ici 2050, en raison des impacts climatiques et de l'augmentation des dépenses correctives. En revanche, un effort massif de sobriété et d'efficacité énergétique permettrait de limiter les risques tout en renforçant la compétitivité du pays.

Une gouvernance fragilisée mais incontournable

La Cour insiste sur la nécessité d'une planification plus solide. Depuis 2022, le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) joue un rôle clé de coordination interministérielle. Mais son poids s'est affaibli face à d'autres priorités, notamment budgétaires. L'institution recommande de conforter son rôle, en renforçant la cohérence des trajectoires financières et physiques de la transition bas carbone.
Au-delà de l'échelle nationale, les territoires sont également appelés à jouer un rôle central. Les conférences régionales pour le climat, les plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET) et les schémas régionaux (SRADDET) doivent devenir les supports concrets d'une transition énergétique ancrée localement.

Des besoins financiers immenses et encore mal calibrés

Les magistrats financiers estiment que la transition énergétique requiert 110 milliards d'euros supplémentaires par an d'ici 2030, principalement pour les bâtiments et les transports. Près de 80 % de ce financement repose déjà sur le secteur privé. La Cour relève cependant que les estimations sont encore insuffisantes, notamment pour l'adaptation au changement climatique. En particulier, les trajectoires financières ne sont pas suffisamment reliées aux trajectoires physiques (baisse des consommations et des émissions).
Une première stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique (SPAFTE) a été publiée en 2024. Pour les auteurs du rapport, elle doit désormais devenir un véritable outil de pilotage, publié chaque printemps, en amont des débats budgétaires. Le rôle du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) doit aussi être renforcé pour garantir la cohérence des arbitrages. L'enjeu est clair : anticiper les ordres de grandeur financiers et définir les bons leviers à mobiliser (sobriété, réglementation, fiscalité, subventions).
Pour être efficace, la transition doit donc s'appuyer sur un cadre stable et incitatif, permettant aux ménages comme aux entreprises d'investir dans la performance énergétique et la décarbonation.

Les secteurs clés de la transformation

Bâtiments tertiaires : près de 60 % des surfaces déclarées en 2023 sont encore hors trajectoire du décret tertiaire. La rénovation énergétique doit donc s'accélérer.
Transports : premier poste d'émissions (31 % du total), il reste trop dépendant du diesel et de l'essence. L'électrification progresse, mais insuffisamment.
Industrie : l'efficacité énergétique, l'hydrogène décarboné et le biogaz doivent être développés, mais les coûts d'investissement restent un frein.
Agriculture : la méthanisation et la sobriété énergétique des exploitations progressent lentement, malgré leur potentiel de réduction d'émissions.
Le coût d'une rénovation performante est estimé entre 300 et 450 €/m², ce qui explique en partie le retard accumulé par de nombreux acteurs.
Ces actions sont au cœur des leviers identifiés par la Cour : sobriété, efficacité énergétique, taxation adaptée et mobilisation accrue des financements publics et privés.
Le dispositif des Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) apparaît ici comme un levier majeur : il permet de financer des travaux d'efficacité énergétique et d'accélérer la mise en œuvre de projets concrets dans les territoires. La Cour souligne la nécessité de mieux cibler et d'optimiser ces outils, afin de maximiser leur impact sur la trajectoire nationale.

Des acteurs de terrain pour concrétiser les objectifs

Si la Cour des comptes trace la feuille de route au niveau national, la réussite de la transition dépendra largement de la capacité à mobiliser les acteurs de terrain. Entreprises, collectivités et organismes spécialisés sont appelés à traduire les grandes orientations en projets concrets : rénovation de bâtiments, modernisation d'équipements industriels, solutions de sobriété énergétique ou encore optimisation des contrats d'énergie.
Ces structures jouent un rôle essentiel de catalyseur :
• elles sécurisent le financement des projets grâce à la mobilisation de dispositifs tels que les Certificats d'Économies d'Énergie (CEE),
• elles simplifient les démarches administratives et techniques pour les porteurs de projets,
• elles accompagnent les entreprises et collectivités dans la réduction durable de leurs consommations,
• elles élaborent des stratégies d'achat et de gestion énergétique sur mesure, permettant de concilier maîtrise des coûts et trajectoires bas carbone.
En alliant expertise technique, ingénierie financière et connaissance fine des marchés, ces acteurs permettent aux organisations de faire des impératifs climatiques un moteur d'efficacité et de différenciation.

Vers une transition plus juste, mais dans un contexte fragilisé

Le rapport de la Cour des comptes appelle à une transition mieux planifiée, plus équitable et plus rigoureusement évaluée. Mais cette ambition se heurte à un contexte politique et économique particulièrement instable. Trois démissions de gouvernement en un an, une dette publique dépassant 3 400 milliards d'euros, la crise de la Défense européenne et la multiplication des catastrophes climatiques (sécheresses, inondations, glissements de terrain, tempêtes) rappellent combien la France avance sur une ligne de crête.
Dans un tel environnement, la transition énergétique ne peut être reléguée au second plan :
Chaque retard accentue la facture : les catastrophes climatiques de 2024-2025 ont déjà coûté plusieurs milliards d'euros aux assurances et aux finances publiques.
Chaque hésitation fragilise la souveraineté : dépendre de l'extérieur pour son énergie, tout en négligeant l'efficacité énergétique, expose les entreprises comme l'État à des risques accrus.
Chaque sous-investissement compromet l'avenir : différer la rénovation des bâtiments tertiaires ou la décarbonation industrielle, c'est alourdir la dette climatique et augmenter les coûts futurs.

Des perspectives incontournables pour les années à venir

1. Accélérer les rénovations : le secteur tertiaire reste le maillon faible. Un retard persistant fragiliserait non seulement l'atteinte du décret tertiaire, mais aussi la compétitivité des entreprises.
2. Cibler l'industrie : l'hydrogène décarboné, le biogaz et l'efficacité énergétique doivent être financés malgré les contraintes budgétaires, faute de quoi les acteurs industriels européens perdront du terrain.
3. Rééquilibrer transports et mobilité : l'électrification des flottes progresse, mais trop lentement. Le maintien d'une dépendance aux énergies fossiles alourdirait la facture énergétique nationale et la balance commerciale.
4. Anticiper le financement : la dette publique limite les marges de manœuvre de l'État. La Cour appelle donc à sécuriser les investissements privés, qui devront rester le moteur principal (80 % des besoins).
5. Renforcer la gouvernance : dans un contexte politique instable, le SGPE doit retrouver une capacité d'arbitrage forte pour éviter que les objectifs énergie-climat ne deviennent des variables d'ajustement budgétaire.

Une obligation d'action

En résumé, la France n'a plus le luxe d'attendre. Dans un environnement marqué par la fragilité politique, la pression budgétaire et l'intensification des catastrophes naturelles, l'énergie devient à la fois une priorité économique, climatique et géopolitique.
Les entreprises et collectivités qui anticipent ces mutations – en rénovant leurs bâtiments, en sécurisant leurs achats d'énergie et en réduisant leurs consommations – auront un avantage compétitif décisif dans les années à venir.

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L'accompagnement des professionnels par Alliance des Énergies et PEP'S

À côté de l'action publique, certains acteurs privés se mobilisent déjà pour transformer les objectifs nationaux en solutions concrètes.

  • PEP'S par Alliance des Énergies, mandataire CEE, accompagne les entreprises et collectivités dans leurs projets d'efficacité énergétique : financement des rénovations, simplification administrative, valorisation des opérations.
  • Alliance des Énergies, cabinet de courtage en énergie, aide les professionnels à maîtriser leurs charges via la mise en concurrence des fournisseurs et la définition de stratégies d'achat sur mesure.

Ensemble, ils offrent un double levier — réduction des consommations et optimisation des coûts — permettant de concilier compétitivité et transition bas carbone.