Bien que la crise énergétique mondiale de 2021-2023 semble derrière nous, les factures de gaz continuent d'augmenter depuis près d'un an. Cette tendance inflationniste est dictée par plusieurs facteurs : les tensions géopolitiques successives, la concurrence sur le gaz naturel liquéfié (GNL) et les évolutions réglementaires. À l'horizon 2028, NaTran (anciennement GRTgaz) prévoit une baisse des prix de gros du gaz à environ 27 €/MWh. En attendant, découvrons pourquoi les factures de gaz devraient rester élevées en 2025.

Bilan 2024 et début 2025 : une forte augmentation des factures de gaz

Les prix du gaz, premier facteur de hausse

Conflits au Proche-Orient et en Ukraine, hiver rigoureux… De nombreux événements ont impacté le cours du gaz au cours de l'année écoulée.

Cette augmentation des prix se répercute directement sur les coûts d'approvisionnement en gaz naturel, c'est-à-dire sur l'achat d'énergie effectué par les fournisseurs sur le marché de gros. Ces coûts connaissent une hausse continue depuis un an, comme l'indique la publication mensuelle de référence de la CRE.

Le prix repère, qui estime un prix moyen annuel par MWh consommé sur la base des données fournies par GRDF, est également en hausse. Depuis juillet 2024, son indice a grimpé de 18,6 % pour les dépenses liées au chauffage.

Taxe sur le gaz : la TICGN bondit de 105 %

Les évolutions réglementaires alourdissent également la facture des professionnels. Depuis le 1er janvier 2025, la Taxe Intérieure sur la Consommation de Gaz Naturel (TICGN), appliquée à tous les consommateurs, a connu une augmentation spectaculaire de 105 % en seulement deux ans. Désormais fixée à 17,16 €/MWh, cette taxe pèse lourdement sur la fiscalité du gaz, représentant plus de 30 % de la facture totale en 2025.

Situation géopolitique : deux facteurs qui influencent le cours du gaz

Pourquoi l'évolution du marché du gaz est-elle si incertaine ? Les tensions autour de la guerre en Ukraine et les pressions commerciales exercées par les grandes puissances mondiales jouent un rôle clé. Si ces événements justifient en partie la hausse des tarifs de gros du gaz, ils contribuent surtout à accentuer la volatilité des prix.

Une "guerre commerciale" sur les droits de douane

Les menaces successives des États-Unis, de la Chine et de l'Union européenne concernant l'instauration de droits de douane sur les hydrocarbures et les matières premières ont fortement impacté le marché. Début février, ces tensions ont provoqué une flambée des prix du gaz de 15 % en seulement deux semaines.

Alors que les États-Unis brandissaient la menace de nouvelles taxes, la Chine a riposté en appliquant une taxe de 15 % sur les importations de charbon et de GNL américain. En réponse, Donald Trump a annoncé des droits de douane visant le Mexique et le Canada, avant de suspendre cette mesure quelques jours plus tard.

La guerre en Ukraine continue d'amplifier l'instabilité des prix

Il y a trois semaines, les États-Unis et la Russie ont entamé des discussions en vue de mettre fin au conflit en Ukraine, avec une rencontre prévue prochainement en Arabie saoudite. Cependant, ces efforts diplomatiques ont été perturbés par un échange tendu entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky lors d'une réunion à la Maison-Blanche, entraînant la suspension de l'aide militaire américaine à l'Ukraine. Malgré ces tensions, Volodymyr Zelensky a récemment exprimé sa volonté de collaborer avec l'administration Trump pour instaurer une paix durable en Ukraine.

Cette succession d'événements aux enjeux majeurs inquiète les investisseurs du secteur énergétique et fragilise davantage la stabilité des prix du gaz.

Réserves de gaz en baisse : une saison de remplissage cruciale pour la sécurité énergétique

Suite à un hiver rigoureux, le mois de mars 2025 débute avec des réserves de gaz naturel particulièrement basses en France.Au 7 mars 2025, les stocks sont inférieurs à 22 %, soit une baisse de 20 % par rapport à l'année précédente.

Disposer de réserves abondantes avant l'hiver est essentiel pour assurer la sécurité énergétique du pays.Les stocks de gaz constituent donc un indicateur clé pour anticiper l'évolution des prix du gaz, ce qui explique pourquoi les experts se tournent déjà vers l'été 2025.Cette période sera déterminante pour la stabilité énergétique européenne lors du prochain hiver. Alors que l'Europe cherchera à reconstituer ses réserves de gaz, la demande de gaz naturel liquéfié (GNL) américain sera accentuée par la concurrence asiatique. De plus, les besoins énergétiques accrus de l'Ukraine, qui a mis fin à son accord de transit du gaz russe sur son territoire, exerceront une pression supplémentaire sur le marché du GNL.

Ces dynamiques pourraient intensifier la compétition pour les approvisionnements en GNL, influençant ainsi les prix et la disponibilité du gaz en Europe.

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